jeudi 6 octobre 2011

Les 23 heures de la BD

Entre le 26 et 27 mars, jour du passage au printemps et du changement d'horaire, a eu lieu l'édition de 2011 des 23 heures de la BD.
Sur le thème "Un instant important de l'Histoire", il fallait donc créer 23 pages au format 800x600 pixels ainsi qu'une couverture. La contrainte de mettre en plus un flashback avait été posée.
Tout cela s'est déroulé de 13 heure (samedi, heure d'hiver) à 13 heure (dimanche, heure d'été).

Quelques camarades de paintchat y participaient et essayaient d'attirer avec eux d'autres pauvres victimes pour une nuit blanche infernale, résultat : je me suis laissée emportée avec autant de facilité qu'un marin devant une sirène en train de chanter.
Et j'ai réussi !
Niveau qualité/intérêt de l'œuvre, je devrais dire qu'au final je ne saurais jurer de rien mais le plus important c'est quand même que j'ai choppé le lapin d'or, symbole de réussite ! Lapin d'or qui n'est en fait qu'une petite image à côté de mon pseudo... Je trouve que ça reste quand même une très bonne distinction pour avoir trimé pendant quasiment 23 heures d'affilée pour ensuite pouvoir replonger dans un océan de paresse pour les quelques prochains mois.

L'aboutissement d'une vie de travail~




Donc, revenons en arrière dans le temps, à ce samedi, 13 heure pile, où le thème est donné.
Bien sûr ça panique un peu partout sur l'internet entre les "han mais je suis nul en Histoire" et "je vais chercher mes vieux cahiers à la cave *wink wink* haha" ça ne va pas forcément bien fort partout.
Du côté de ma petite tête, la geek d'Histoire endormier très très profondément en moi (oui, je suis persuadée qu'elle existe même si elle ne se fait pas souvent bien entendre) se réveille et commence à songer à deux trois points Historiques intéressants.
Dans un autre côté de ma tête, la geek de Science-fiction en moi (qui ne dors pas souvent, surtout pas à cette époque où la saison 6 de Doctor Who n'était plus bien loin) marmonne doucement des choses sur des machines à voyager dans le temps mais je ne l'entends pas tout de suite, vu qu'elle sait se faire discrète et insidieuse et que je suis trop préoccupée par ma réflexion sur le sujet qui m'est présenté. ERREUR MONUMENTALE.

Une heure plus tard, je suis encore perdue entre Richelieu, le printemps des peuples et les invasions Mongols au Moyen-Âge. Des évènements historiques qui me plaisent pas mal mais rien avec pour avoir de quoi faire 24 pages parce qu'en plus d'un instant historique, il me faudrait une idée, un fil conducteur quoi sinon ça ne va pas marcher et je vais mouliner dans le pâtée au fur et à mesure de la production des pages.
En parallèle, j'ai vaguement envie de glisser des références à Doctor Who parce que je vais bosser sur un sujet historique ! Et le Doctor voyage dans le temps (et l'espace). La fangirl ne dort jamais, tout ça, vous voyez ce que je veux dire...
Au même moment, sur l'autre parallèle —parce que j'ai trois lignes de pensées qui fonctionnent chacune de leur côté— l'idée de machine à voyager dans le temps continue de faire son chemin. Discrètement, toujours.

Le risque avec ce genre de thème c'est de prendre un sujet qu'on n'apprécie pas forcément mais qu'on choisit parce qu'il est facile/qu'il y a de quoi bosser dessus... pour finir par s'ennuyer dessus pendant 23 heures et se forcer à finir pour finir, jusqu'à bâcler (En tout cas ce serait dans mon caractère de procéder ainsi et comme je me connais quand même un minimum, je savais que j'avais donc intérêt à bien choisir !)
Sauf que le "sujet qu'on n'aime pas vraiment" n'est même pas le seul piège à éviter : en effet, le "sujet qu'on aime bien mais qui ne permet pas de tenir 23 pages" risque de mal finir puisqu'on risque soit de s'étendre exprès pour pouvoir tenir, soit de dériver vers du hors-sujet plus ou moins inintéressant mais qui vaudra au pauvre auteur la risée de tous ses lecteurs. Enfin j'imagine. Et je dois dire que j'imagine souvent le pire.
Quant à faire une histoire parlant de l'auteur en déroute devant le sujet qu'on lui a donné, cherchant des idées et exposant son point de vue sur le thème... J'espère penser ne jamais tomber si bas.
(Ou si cela m'arrive un jour, j'espère bien avoir un plan caché derrière l'utilisation cette arnaque vue et revue. Un plan de maître. Du genre qui me permettrait de conquérir l'univers !
C'est pas demain la veille, quoi.)

Non, il me fallait définitivement un scénario bien défini afin de résister à cette journée entière de dessin. Pendant ce temps, l'idée derrière la machine à voyager dans le temps à finalement fini de germer dans son coin. Deux heures plus tard, j'ai écrit mon petit "script". Il me reste 20 heures pour dessiner le tout.

Et voici le résultat.

Voir la bande dessinée complétée est une chose mais bien sûr on ne peut pas savoir exactement comment s'est déroulé le travail fait derrière (même si on peut interpréter les couleurs qui dépassent parfois comme causées par manque de temps ou flemme de se corriger. Ou inattention. Peut-être qu'il s'agit un peu des trois à la fois même.)

Revenons un peu sur le script d'abord. Qui consiste en une présentation de ce qu'il y a à représenter page par page : description de l'action, des plans, dialogues rédigés (afin de ne pas avoir à le faire plus tard. Ce qui n'empêchera pas quelques changements par la suite. Certains étant assez gros même. Parce que je crois que j'avais noté quelques trucs illogiques sans réfléchir.)
Bon comme c'est parfois difficile d'arriver à tout décrire, de voir exactement comment on va rendre les choses, il y a parfois des flous ou des raccourcis. Par exemple, pour la toute dernière page j'avais juste écrit cela :


Page 23
Grand sourire. Appuie sur le bouton.

Or, si ça reste l'idée "principale" de la page, le résultat final diverge quand même un peu. Il y a du dialogue rajouté et j'ai interprété comme je voulais la manière dont composer ce que j'avais écrit. En fait dans l'ensemble je n'ai pas pris beaucoup de notes sur les plans et compositions que je voulais faire (à part quelques "zooms, plan large, plongée, contre-plongée...")
Et puis comme faire un script c'est fatigant il m'est aussi arrivé d'écrire des trucs un peu débiles juste parce que.
La page 8, qui présente le voyage dans le temps au hasard en est un bon exemple :

Page 8
Gros effet spéciaux de malade. Machine apparaît devant falaise. Silhouette sort. Elle porte objet semblable à une radio, zoom dessus.

Quel personne sensée écrirait "Gros effet spéciaux de malade" dans son script ?!
Je ne compte évidemment pas comme personne sensé et je l'ai donc fait, dans un gros moment de blanc et d'ennui durant la rédaction. Et même maintenant cela me semble un peu étrange, tout en sachant que je faisais juste de mon mieux pour rester motivée dans l'épreuve et écrire ce genre de choses pour le lulz m'aidait à l'être, ne serait-ce qu'un tout petit peu.

Commencer à dessiner était à la fois sympathique et difficile : il y a les décors à définir, les couleurs à choisir, fixer le charadesign gribouillé sur le paintchat entre deux lignes de script rédigées. Je ne sais pas trop si c'est vrai ou si j'avais mal lu les heures avant et après la finition de la planche mais la première page m'aurait pris une heure et demi... Ce qui n'est pas top quand on en a encore 23 à faire et qu'il nous reste moins de 19 heures.
Pour les pages 2 et 3, si je mettais un peu moins d'une heure, j'avais quand même l'impression que je n'y arriverais jamais à temps à ce rythme. Je me rassurais avec l'idée que, passé la phase du voyage temporel, je n'aurais plus de décor détaillé à faire (grandes étendues de sable, de mer, de ciel... bref, les décors parfaits à bâcler discrètement !)
Et en effet, je me suis vite rendue compte sur les pages suivantes que je faisais presque du 3 pages par heure ! Je dois dire que j'étais assez rassurée par cette idée puisque cela me permettrait à l'occasion de faire une pause voir même de, attention, dormir. Ouais, quand même. C'est un luxe dans ce genre de défi.

Le truc qui m'aura tourmenté tout au long du parcours : l'impression de dériver lentement du charadesign original











Et en effet, j'ai pu dormir. Vers quatre heures du matin, presque tout le monde avait déserté le paintchat. Certains étaient allés faire une pause mérité, d'autres se concentraient sur leur travail et puis certains avaient abandonné depuis déjà bien longtemps parce qu'il faut croire que tout le monde n'a pas perdu les dernières miettes d'équilibre mental nécessaires à leur survie.
Heureusement qu'on vous a parce qu'avec des personnes comme moi, l'humanité ne ferait pas long feu, j'en ai bien peur.
Enfin bref, vu mon rythme de production, j'avais le temps de faire une petite pause.

Dormir c'est bien, se réveiller à l'heure c'est encore mieux mais ce n'est malheureusement pas ce qui s'est passé. J'ai en effet dormi presque deux heures de plus que prévu et me suis réveillée vers 9 heures, toute paniquée de ne pas avoir entendu le réveil sonner.

Petit déjeuner avalé en vitesse, le reste de la mâtinée doit à peu près ressembler à ça : Panique. Panique. Dessin. Panique. Dessin. Dessin. Dessin. Panique. Dessin. Dessin. Dessin. Dessin. Dessin. Dessin. Midi. Bande dessinée terminée.

Et une boite bleue bien cachée p4


Je suis satisfaite d'avoir réussi à terminer le défi mais je ne saurais trop dire ce que je pense du résultat.
Il est assez difficile de savoir, quand on est à la place d'auteur, si notre histoire est intéressante, compréhensible, bien rythmée, etc.
Dans ce cas là, j'ai un peu peur que le discours puisse sembler trop niais ou trop lourd. La différence entre le pas assez, le trop et le juste milieu est vraiment fine dans ces cas là (et dépendra en fait aussi du ressenti du lecteur)
C'est comme dans un mystère policier, quand on veut lancer des indices il faut arriver à le faire sans donner l'impression de placer un grand panneau "INDICE ICI" juste devant.

Mais voilà, il faut quand même tenter le coup, c'est en essayant qu'on peut rater.
Et puis, quand on a une deadline à respecter, on se sent un peu trop pressé par le temps pour pouvoir chipoter pendant trois heures sur son choix de mots.


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